Ciaëline

           De la jeunesse de Ciaëline, la fée luciole...

     Notre merveilleuse histoire commence il y a fort longtemps à l'échelle des humains. Le soleil perçait à peine la douce fraîcheur d'une belle matinée de printemps que déjà la mère de la future Ciaëline sentait l'événement approcher. Chacun sait qu'à Faérie, île perdue dans le milieu de l'océan, les naissances sont considérées comme des événements attendus et célébrés à juste titre. L'entrée dans ce monde de Ciaëline ne dérogeait pas à la tradition et depuis déjà quelque jour, toute l'île attendait ce merveilleux avènement. Nonobstant, revenons à notre histoire, le soleil perçait à peine la douce fraîcheur d'une belle matinée de printemps que déjà la mère de la future Ciaëline sentait l'événement approcher, disais-je, nombreux furent les fées lucioles, lutins et autres êtres merveilleux qui s'étaient approchées ayant eu vent de l'approche de la naissance.
     Le doyen de la communauté, un être fort sage est-il besoin de le rappeler, était là pour s'assurer du bon déroulement de la chose, mais sa présence n'eut d'autre utilité qu'un réconfortant soutien moral, car tout se passa à merveille. Et, en à peine quelques minutes, Ciaëline montra son visage fin à toute l'assemblée. Son père la prenait dans ces bras, tandis que le doyen entonnait le rituel de naissance, qu'elle agitait déjà ses fines ailes. Il est fort probable que se fut pour cette raison que le doyen la nomma Ciaëline, ce qui, comme chacun le sait, signifie ailes dorées.

     La célébration qui s'ensuivit fut comme toute fête sur faérie : inoubliable pour un simple être humain.


      Le père de Ciaëline, bien que ce fut son premier enfant, était déjà bien âgé, même pour un être féerique et il pris lui-même l'éducation magicane de sa fille durant ses 5 premières décennies. Le doyen, à qui il en incombait habituellement la tâche approuva même cette décision, et force est de constater que la jeune luciole progressa très vite. Poussée par une curiosité fortement développée, tout l'intéressait, des choses de la nature à celles de la Magie, en passant par l'Histoire d'Altaride et des autres peuples. Plus son père et sa mère lui en apprenaient, plus elle voulait en savoir. Ainsi, après quelques décennies, alors qu'elle approchait de l'âge adulte, ses parents durent avouer qu'ils n'avaient plus guère matière à lui enseigner. Dire qu'eux avaient mis toute une vie bien remplie à en apprendre autant.


     Espérant trouver de nouvelles connaissances, Ciaëline alla auprès du doyen, qui, il est vrai, vieillissait. Malheureusement celui-ci ne put lui apprendre de choses qu'elle ne connaisse. Certes, il avait en sa mémoire nombre sort et effets magiques que la jeune luciole ne connaissait pas, mais il lui affirma sagement que chaque chose devait venir en son temps et qu'un bon apprentissage ne devait pas se faire dans la précipitation. Que Ciaëline montre sa patience encore quelques décennies et apprenne par elle-même. Après, il pourrait voir si elle était apte à recevoir un enseignement magique approfondi. Il faut en effet savoir que même si la quasi-totalité des créatures intelligentes de Faérie sait manipuler avec adresse la magie qu'ils se sont transmise de génération en génération, tout le monde n'a pas la chance d'être choisi pour perfectionner cet art et, par la suite, l'enseigner.


     Malheureusement, ou heureusement pour l'histoire de ce monde, Ciaëline était hautement plus curieuse que patiente et elle décida de partir vers le continent pour pouvoir découvrir les autres races et coutumes de ce monde qu'elle connaissait à peine. Faisant part de sa décision à ses parents, ceux-ci ne cachèrent pas leur surprise : pourquoi quitté ce paradis qu'est Faérie pour aller découvrir un monde extérieur qui n'a rien d'attrayant ? Un conseil fut réuni à la tête duquel le doyen essaya par maints arguments de convaincre notre héroïne. Personne ne comprenait cette décision, mais rien n'y fit, Ciaëline avait mis un pied dans la rivière de sa destinée. Elle partirait le lendemain et se ferait porter par un aiglon-pêcheur, que le doyen appellerait, jusqu'à l'archipel rocheux le plus proche, où passaient régulièrement de nombreux navires marchands.

     Une fois que l'oiseau l'eut déposée sur cet archipel et s'en fut reparti, une autre vie attendait la fine Ciaëline, avec plus de tourments qu'elle n 'eut pu l'imaginer. Après deux journées d'attente sur les îlots rocheux, un navire impérial transportant du rhum nordlandais vint à croiser, et la jeune luciole voleta jusqu'à son pont. A sa surprise, elle ne fut pas accueillie avec autant de joie qu'elle l'attendait. Les matelots, humains pour la plupart, la regardèrent très surpris, et lorsqu'elle demanda au capitaine, homme bedonnant au regard sévère, s'il pouvait la conduire jusqu'au continent, elle se demanda pourquoi celui-ci n'accepta pas. Mais, très vive d'esprit et ne se laissant abattre, elle remarqua que le vieux marin boitait fortement à cause d'une blessure infectée à la hanche. Elle lui proposa alors de lui offrir des soins en échange de son transport. Le capitaine fut d'abord réticent, mais devant le sourire enjôleur de la luciole, il accepta, se disant, à juste titre, que le tonnage de son fier navire ne s'en trouverait pas très alourdi. Ses soins firent miracle, et sa présence ne posa plus aucun problème.


      C'est ainsi que quelques mois plus tard elle débarqua enfin à Lampresilia tout au sud du continent impérial.

Cette fois, commençait véritablement pour elle une autre vie, car du haut de ses 7 centimètres, saurait-elle s'adapter à ce nouveau monde?

Guilbert-Idalgor d'Orval Montcalpi
Conteur au service de sa Majesté